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Un des principaux initiateurs de Bénin Tofâ et nommé par décret, depuis 2024, membre du « Comité des rites Vodun » au Bénin, David Koffi Aza était l’invité d’une émission de la télévision privée TVC, diffusée dimanche dernier. Le prêtre du Fâ, presque dans un service après vente, était allé expliciter le signe sorti de la consultation de l’ « oracle », vendredi 10 janvier à Ouidah, à l’occasion de la fête nationale du vodun, édition 2025.
Cette année, le signe du Tofâ qui va gouverner le Bénin et dont les interprétations font couler assez d’encre et de salive est « Fu [Gbidi] Yèku ». Selon les dignitaires qui en sont des spécialistes, c’est l’un des meilleurs signes parmi les 256 du Fâ. En présence du chef de l’État Patrice Talon, il a été dit que ledit signe est porteur de protection, de l’invincibilité, de la prospérité pour le pays et renseigne qu’aucune menace ne peut ébranler l’intrépide positionné au seuil de la demeure paternelle. En langage accessible, certains de ceux qui l’interprétent dont le professeur David Koffi Aza, affirment que le Fâ voit l’actuel locataire du Palais de la Marina comme celui qu’il faut pour assurer la continuité du pouvoir au-delà de 2026 qui marque la fin de ses deux mandats constitutionnels. Y dérober, le peuple va le regretter. S’il en est ainsi, doit-on procéder alors à la révision de la Constitution qui stipule que <<Nul ne peut faire plus de deux mandats de sa vie>> ?
À cette préoccupation de l’animateur de l’émission sur TVC, le Prêtre du Fâ déclare : <<Je ne dis pas que le Tofâ demande une révision de la Constitution. Si les informations du Tofâ impliquent la révision de la Constitution, c’est aux députés de prendre leurs responsabilités. Mais le Tofâ dit qu’il faut continuer [l’exercice du pouvoir], de ne pas enlever le pouce [la première autorité du pays]. Sinon, nous allons tous regretter.Mon rôle n’est pas de demander la révision de la Constitution.>>. Cette précision faite, David Koffi Aza enlève sa casquette de dignitaire du Fâ et interroge : <<Ce que je veux dire n’a rien à voir avec le Prêtre Bokônon que je suis. Mais en tant que citoyen, en tant qu’acteur culturel, je me demande si une démocratie, tel que nous le disons, construit une nation.>> David Koffi Aza poursuit : <<Est-ce qu’une Constitution construit une nation ? Je pèse bien mes mots : une Constitution démocratique ne construit pas une nation.>>
Selon ses arguments, si une Constitution construisait une nation. Dubaï, Koweït, la Chine ne seraient pas à ce niveau. <<Ce sont des pays très développés mais ce n’est pas la Constitution ou la démocratie qui a développé ces pays -là>>, soutient-il. <<Maintenant, de quoi avons-nous besoin ? Nous avons besoin de manger la pâte, nous avons besoin de dormir en toute quiétude sans être inquiétés par les envahisseurs que nous-mêmes nous allons chercher, à qui nous filons les informations. Si on a besoin de ça, le Fâ nous dit la meilleure voie pour y parvenir, voilà par où vous devez passer.>>
Et le Prêtre du Fâ, membre du Comité des rites vodun et du parti Moele Bénin (majorité présidentielle) de conclure : <<Maintenant, c’est à nous de dire non, nous ne voulons pas. Si la majorité dit on ne veut pas, il n’y a pas de souci. Mais ce que ce on ne veut pas va générer va être plus que ce qu’on aurait pu vouloir en amont>>.