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Le 3 avril 2024 du côté de l’Hexagone, une étoile du monde de la culture, de la littérature et de la médecine, s’est éteinte après 83 ans de vie accomplie. Au Bénin, sa terre natale, entre cérémonie d’hommage, messe de requiem et signature du livre de condoléances initiées par sa famille biologique de concert avec l’Institut des artisans de justice et de paix (Iajp), Barnabé Laye, de son vrai nom Barnabé Lalèyè a été célébré, vendredi 12 avril 2024, au chant d’Oiseau de Cotonou. C’était en présence du gotha d’écrivains et de professeurs de Lettres, de parents, amis et de représentants du ministère du Tourisme, de la culture et des arts.
A l’acte 1 qu’est la cérémonie d’hommage en mémoire de Barnabé Laye, que de bons souvenirs gardés de lui par ceux qui l’ont connu, côtoyé et consommé ses ouvrages ! Que d’émotions également véhiculées ! Pas empreinte de mélancolie comme constaté généralement lors d’oraisons funèbres, mais ce fut dans la bonne humeur qui caractérisait Barnabé Lalèyè de son vivant. « Auteur d’une centaine de poèmes publiés dans sept recueils devenus cultes, cet homme a toujours été habité par le lyrisme, ce dire fleuri qu’il décline aussi dans ses romans et ses proses narratives. », témoigne le Directeur de cabinet du ministre du Tourisme, de la culture et des arts, Eric Folly Totah. Soulignant quelques qualités de l’« illustre écrivain », selon son propos, « Barnabé était un homme de toutes les générosités : spontané, humble, souriant, un diplomate des mots, toujours prêt à arrondir les angles tout en conservant une efficacité consensuelle. Son rire résonne encore dans nos cœurs, empreint des plaisanteries qu’il distillait avec tant de finesse ». Major avec mention au Baccalauréat ‘’Sciences expérimentales’’ qui sanctionnait ses études secondaires au Collège catholique Père-Aupiais de Cotonou, Barnabé Lalèyè poursuivra sa formation en France notamment à la Faculté de médecine de Bordeaux puis Paris où il a fait toute sa carrière à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Longtemps « médecin de jour et écrivain la nuit » comme il le disait lui-même, Barnabé Laye de son nom d’écrivain, était très attaché à son pays d’origine dont il foulait, de temps en temps, le sol. Sa vocation de ‘’soigneur’’, médecin des hôpitaux de Paris l’a certainement façonné à mettre l’homme au cœur de toute sa vie. Ce soin qu’il procurait à travers ses publications, se remarquait aussi dans sa passion et ses mains expertes en gastronomie puisque selon les témoignages, il n’hésitait pas à troquer sa blouse de médecin contre le tablier de cuisine à la maison, à Paris. C’est donc à juste titre qu’il a publié deux essais sur la cuisine africaine et antillaise. Poète, romancier et essayiste, Dr Barnabé Lalèyè, de par sa diversité culturelle doublée de la diversité thématique de ses textes, était un globe-trotteur. « Presque tous les grands festivals de littérature étaient coutumiers de sa présence. De Paris à Bogota, de Montréal à Cape Town, de Rome à Séoul, de Berlin à Alexandrie. Barnabé était de tous les espaces littéraires pour faire entendre sa voix, mais surtout pour que ses œuvres, traduites dans dix langues, puissent parler au cœur du public de toutes les communautés. », rappelle Eric Folly Totah au nom du ministre du Tourisme, de la culture et des arts. « On ne dit jamais adieu à un poète. On lui dit souvent, bienvenue dans l’immortalité », déclare-t-il ensuite comme pour dire que Barnabé Laye n’est pas mort. Vont se succéder ensuite au pupitre, des figures du monde littéraire béninois, à savoir Adélaïde Fassinou, Tola Koukoui, Mahougnon Kakpo, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Adrien Houannou, Florent Couao-Zotti, qui pour partager des anecdotes nées des beaux moments vécus avec Barnabé Lalèyè au Bénin ou ailleurs ; qui pour replonger tout le gratin d’invités dans l’univers des beaux poèmes et de la bibliographie, en général, laissés par le défunt auteur. Exhibant le livre à la couverture jaune, ‘’Les sentiers de la liberté’’ que Barnabé Laye lui avait dédicacé, le professeur Adrien Houannou qui s’est remémoré que pour ses études secondaires, il a rejoint « le grand-frère Barnabé » au collège Père-Aupiais, a salué par la suite le « grand écrivain devant l’éternel, un écrivain heureux, un écrivain comblé, un des rares écrivains béninois qui aient reçu de leur pays, un hommage de leur vivant ». L’universitaire à la retraite a fait savoir que Barnabé Laye est un écrivain comblé parce qu’il est « auteur d’une œuvre historique », au cœur de la littérature au Bénin. Une des dernières productions livresques de Barnabé Laye, il s’agit de ‘’Le champ des cannes à sucre’’ parue en 2019 aux Editions L’Harmattan. Après l’invocation du panégyrique des Lalèyè, c’est Francis Lalèyè qui va dire le texte hommage de la famille. C’était l’occasion pour lui d’insister sur les qualités d’humilité, d’accessibilité, de simplicité, d’écoute, de respect du prochain, de générosité réelle et profonde, de figure paternelle mais d’homme de rigueur qu’incarnait ‘’Tonton’’ comme il l’a désigné. Un des petits neveux de feu Barnabé Laye, le Père Directeur de l’Iajp-Chant d’oiseau, l’Abbé Arnaud Eric Aguénounon, au regard de tous ces témoignages, s’est réjoui de ce qu’ils ont su anticiper, avec bien sûr d’autres membres de la famille dont Anatole Lalèyè, pour rendre un hommage anthume au médecin écrivain, le 24 mai 2018 à la librairie Notre Dame de Cotonou, suivi de l’enregistrement d’un entretien télévisé sur une chaîne privée béninoise. La projection d’un extrait dudit entretien a été d’ailleurs faite in situ, ce vendredi. La cérémonie a pris fin par les mots de gratitude et de remerciement de la famille dont le porte-voix, cette fois-ci, était l’universitaire à la retraite, Moïse Lalèyè.
La messe de requiem
L’acte II de cette journée dédiée à Barnabé Laye par l’Iajp-co a été la messe de requiem célébrée sur les lieux à la chapelle Notre Dame. Conduite par le Révérend Père Arnaud Eric Aguénounon, qui avait à ses côtés les Pères Epiphane Ahouansè, Paul Akplogan et Hermann Agboffo, l’eucharistie a été célébrée en communion avec Paris où se situe la famille du défunt. Dans son homélie, le Père célébrant, écrivain-essayiste et Directeur de l’Iajp-Chant d’oiseau a exhorté les fidèles, parents et amis, à refléter les valeurs connues et reconnues par plus d’un comme héritage laissé par Barnabé Lalèyè. « Une telle étoile ne passe dans notre cosmos qu’une seule fois par millénaire… », avoue l’Abbé Arnaud Eric Aguénounon. La signature du livre de condoléances et les salutations d’usage ont été les ultimes instants de cette journée d’hommage à feu Barnabé Lalèyè connu sous le nom d’emprunt Barnabé Laye.
Jacques BOCO
