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Le professeur Théodore Holo donne son avis sur la tentative présumée d’atteinte à la sûreté de l’État que d’aucuns qualifient de tentative de coup d’État déjoué au Bénin contre le pouvoir de Patrice Talon. À en croire l’ancien président de la Cour constitutionnelle, l’expression coup d’État n’est pas appropriée dans le présent cas. Juriste de haut niveau qu’il est, le professeur Holo n’exclut pas qu’il y ait eu un complot ou menace sur la sûreté de l’État. Cependant, il souhaite que la justice fasse son travail et que le droit soit dit. Ci-dessous, le verbatim de l’avis de l’ancien ministre Théodore Holo diffusé le mardi 5 novembre 2024 sur la chaîne de télévision privée Eden TV.
«Je pense que c’est d’abord un abus de langage de parler de coup d’État. Je suis Juriste, je suis constitutionnaliste, j’ai fait ma thèse sur le régime militaire. Le coup d’État suppose la conquête du pouvoir par une autorité instituée, en violation de l’ordre constitutionnel. Voilà pourquoi le coup d’État se termine par la suspension de la Constitution. Quand c’est militaire, c’est le chef d’État-major ou le commandant d’une unité de l’armée. C’est une autorité militaire qui est instituée qui prend le pouvoir. Alors qu’on doit passer par les élections, lui c’est par la force qu’il conquiert le pouvoir. Ce sont ces deux éléments qui définissent le coup d’État.
Quand vous prenez un président qui a prêté serment sur une Constitution, qui dit que son mandat est limité à deux, qui modifie la Constitution pour avoir un troisième mandat, il viole également la Constitution pour conserver ou pour aller conquérir le pouvoir. Là, il y a un coup d’État. Donc, il y a le coup d’État militaire et le coup d’État civil.
Il y a peut-être menace sur la sécurité de l’État, il y a atteinte à la sûreté de l’État, il y a peut-être volonté de rompre l’ordre constitutionnel. Mais juridiquement, on ne peut pas dire qu’il y a un coup d’État parce que les personnes que vous avez citées n’ont aucune fonction qui leur permette d’exercer une autorité qui leur servirait de fondement pour violer l’ordre constitutionnel. Je crois que l’un est toujours un homme d’affaires, l’autre est un ancien ministre ; il n’est plus en activité. Même s’il était ministre, il n’a pas les moyens, en réalité, de porter atteinte, de violer l’ordre constitutionnel. Donc, c’est un abus de langage de parler de coup d’État.
Qu’il y ait maintenant menace sur la sûreté, complot et autres, c’est possible. C’est les juristes, c’est les magistrats qui doivent le définir et l’apprécier. Je souhaite simplement que le droit en la matière soit dit, parce qu’il faut éviter la conquête du pouvoir en violation de l’ordre constitutionnel. Il faut la paix. Il faut arriver au pouvoir par les urnes. Le pouvoir ne peut pas être au bout du fusil ou le résultat de la violence».
Transcription ADN