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Présidentielle de 2026 au Bénin: La vague «OB», un an après…

Flashback et constat avec Africa Dev News (ADN)

La vague "OB" n'est plus active sur le terrain
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Des semaines sans suivre dans les médias des meetings et déclarations de la vague «OB» pour susciter la candidature d’Olivier Boko ! C’est pourtant le constat qui se fait ces derniers mois, au Bénin. Lecture erronée de la situation ou baisse réelle de régime des mouvements et associations constitués pour la cause ? L’un dans l’autre…, flashback d’un phénomène qui a essaimé et fait sensation dans le pays, du nord au sud et de l’Est à l’Ouest, courant 2023.

 

Ce qui couvait au sein de petits cercles au départ, finit par s’épancher au premier trimestre de l’année 2023, contaminant en quelques mois tout le territoire béninois. La vague «OB» 26 devient donc une réalité. Et jusqu’en décembre 2023, que de mouvements et associations créés pour susciter la candidature d’Olivier Boko, homme d’affaires et ami de longue date de l’actuel chef de l’État, Patrice Talon, pour lui succéder à la fin de ses deux mandats en 2026 ! Il n’y avait pratiquement pas de semaine, de week-end pour être plus précis, sans que l’opinion n’ait dans les médias traditionnels ou les médias sociaux un compte rendu d’une activité relative à cet homme influent du système, désigné suivant les initiales  »OB ».

Au risque de nous tromper, les premiers à agiter le nom Olivier Boko, furent des pasteurs de plusieurs églises évangéliques, réunis au sein d’un creuset dénommé Appbi_Association des pasteurs partageant les idéologies de Boko Olivier_ Cela remonte au samedi 11 mars 2023. Agissant pour le compte d’Olivier Boko, un fidèle de l’église, ils ont décidé, depuis la partie septentrionale du Bénin, de prier pour le président de la République et pour la paix dans le pays. Si ces hommes de Dieu n’ont pas dévoilé leur ambition de voir «OB» dans les starting-blocks pour assurer la continuité après la page Talon, l’audace qui aura retenu toutes les attentions, viendra quelque deux mois plus tard du côté de la capitale, Porto-Novo. Le  »Réseau Olivier Boko » avec à sa tête un jeune coordinateur national, un certain Hosée Houngnibo brise le mythe, et dans une déclaration, entouré d’autres membres de ce mouvement politique qui faisait officiellement sa sortie, suscite la candidature de l’homme d’affaires. On était samedi 20 mai. Et c’est parti ! La vague  »OB », dans sa furie, va entrainer sur son passage des dizaines de mouvements et associations. C’est ainsi qu’on aura, pêle-mêle et entre autres, le mouvement MOB 26 conduit par Léonelle Sonia Allowakinnou ; les Témoins d’Olivier Boko (TOB 26) avec Albéric Dagan ; la Fédération nationale des mouvements, associations et groupes (Fenamag) OB 2026 que préside Briston W. Amoussou-Guénou ; le mouvement Objectif Bénin 2026 (OB 26) dont le leader est Jean-Eudes Mitokpè ; le mouvement des jeunes disciples d’Olivier Boko avec son président Ismaël Atoro, Osons bâtir le Bénin » que coordonne Aristide Appalo ; la coalition OB 26 ; le cercle des amis d’ Olivier Boko  » ;  »Initiative 0B 26 ». Des initiatives individuelles, en solo, sous le concept  » Alliance Nord-Sud » avec Herman Dimitri Adankpo et par ailleurs la « Bokonisation », ont aussi manoeuvré dans ce sens. Pour ces personnes, seul Olivier Boko a l’étoffe du job, dans la galaxie Talon pour préserver les acquis enregistrés durant ces deux quinquennats.

Les chiens aboient, la caravane passe

Sur plusieurs semaines, le mouvement ne faiblissait point. Au contraire ! Et c’est à un moment où l’on oeuvre, avec la réforme du système partisan, à rendre forts les partis politiques afin qu’ils soient les seuls à porter et à adouber les candidatures que le phénomène  »OB » occupe l’actualité avec à la manœuvre, des mouvements, associations et individus membres ou non desdits partis. Très vite, au sein de la mouvance, il fallait arrêter ce qui frisait la pagaille ou la cacophonie.

La réaction n’a pas tardé. L’on a tapé du poing sur la table et menacé de sanctionner ces acteurs politiques qui participent à cette foire précoce même si certaines formations politiques à l’instar de Moele Bénin, ont laissé libre cours à leurs militants. Mais qui est le commanditaire de toutes ces campagnes pour appeler Olivier Boko à être candidat à la magistrature suprême en 2026? Est-il consentant pendant que d’autres dont on a tenté de susciter la candidature ont très tôt découragé les auteurs ? Silence radio du côté de  »OB » quand patatras, une figure morale religieuse et politique, El Hadj Yacoubou Malèhossou, fait une sortie médiatique et clame qu’au détour d’une rencontre avec Olivier Boko qui l’a d’ailleurs  »refoulé », l’homme est mécontent de ce melting-pot auquel les Béninois assistaient dans le pays. Un peu comme pour dire les chiens aboient, la caravane passe, les mouvements et associations n’ont ni tenu compte des menaces provenant des partis, ni du propos de l’ancien député et président de la Fondation Malèhossou.

Ils ont foncé en continuant par inviter Olivier Boko à répondre favorablement à leur appel. D’autres ont poursuivi avec l’installation de leurs démembrements dans les départements et communes pour mieux enraciner la vague  »OB ». El Hadj Malèhossou << n’a pas cette casquette de porte-parole de M. Boko, car M. Boko a son équipe de communication>>, avait répliqué à l’époque Briston Amoussou-Guénou (juillet 2023).

Du côté du gouvernement

Comment du côté du gouvernement l’on perçoit cette sorte de précampagne dont certaines activités sont diffusées sur la chaîne de télévision du service public et d’autres à la Une dans le sommaire, ouvrent même les éditions de journal du 20h? Vendredi 9 juin 2023, à la traditionnelle rencontre tournante dans les rédactions, et face aux professionnels des médias, le Secrétaire général adjoint et Porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, répond : <<Le gouvernement ne tranche pas les questions de qui veut être président, qui a des ambitions. C’est une affaire d’abord personnelle. Et c’est une affaire de perception de l’opinion. Ceux qui font ça, on est en démocratie. (…). Ce que j’observe c’est que le principal intéressé n’a encore rien dit et n’a encore rien organisé. Donc nous suivrons tous l’actualité. 2026, c’est dans trois ans >>.

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Commandant en chef de la majorité présidentielle et chef du gouvernement, Patrice Talon ne va pas non plus échapper à la question, lui qui a d’ailleurs limogé son ministre des Sports, Oswald Homéky, pour avoir magnifié le profil d’Olivier Boko qu’il voit comme le candidat idéal. Dans un entretien avec la presse nationale, le 23 décembre 2023, le Président de la République déclare : <<Aujourd’hui, aucun parti politique ne s’est encore lancé dans le choix des candidats, ni le Bloc Républicain, ni l’Union Progressiste, ni les Démocrates, ni la Fcbe encore moins. Personne n’a encore fait ça. Et les organes des partis n’ont pas encore ouvert la compétition en leur sein et comment on peut voir quelqu’un qui a été au cœur de la réforme, notamment le ministre auquel vous faites allusion ignorer son parti politique, ignorer cette réforme, ignorer cette bonne disposition qui, aujourd’hui, gouverne notre pays en en matière politique et commencer à faire la promotion d’un candidat, son candidat à lui, celui qu’il estime peut-être candidat pour lui, pour 2026, au mépris de tout ce que nous sommes en train de bâtir ensemble>>.

Il poursuit : <<Il ne faut pas permettre cela. Vous avez parlé de mon ami Olivier Boko. Moi, je ne sais pas s’il est candidat>>. Le chef de l’État s’est voulu on ne peut plus clair, et martèle : <<D’abord, le moment n’est pas arrivé. Deuxièmement, je ne suis pas du genre à faire la promotion de ma famille, de mes amis, de mes proches, en matière politique. Ce n’est pas mon genre. Donc, ce ne serait pas ces genres de critères qui vont déterminer mon choix pour la promotion de tel ou tel candidat. C’est pour vous dire que je ne suis pas dans un tel schéma, mais je suis à égale distance de tout le monde. On verra bien qu’est-ce que les partis vont décider demain ou après-demain en ce qui concerne les candidatures qu’ils vont promouvoir en 2026>>.

Moins de deux mois après, comme pour voir si les lignes ont entre-temps bougé à son niveau, les journalistes reformulent à Patrice Talon la même question relative à sa succession. C’était à une conférence de presse qu’il a organisée jeudi 8 février 2024 à la Présidence. Selon lui, la priorité pour l’heure, c’est de travailler pour le pays. <<Je l’ai dit, il n’y a pas longtemps. Que le moment viendra où cela va être en débat. Comme je l’ai dit, je pense que le délai raisonnable, c’est environ six (6) mois avant. Alors, que mes amis, mes collaborateurs, mes proches veuillent être candidats, c’est légitime. Que la plupart d’entre vous ici veuillent être candidats, c’est légitime. Mais au moment opportun, je ferai le choix de celui que je vais soutenir, celui pour qui je vais voter, en regardant l’intérêt de mon pays, mon intérêt en tant que citoyen>>, a-t-il confié.

Et Patrice Talon de préciser : <<Je dis une chose, notez-le bien. Je n’ai besoin que personne assure mes arrières. Personne ! Je ne veux pas d’un candidat qui me sera loyal. Il faut que le candidat, le bon pour nous tous, soit ce candidat qui sera le meilleur pour le Bénin, qui va être loyal au Bénin et non à Patrice Talon. Moi, je n’ai pas besoin que quelqu’un assure mes arrières>>.

Le phénomène  »OB » 26 refroidit

Contrairement à la fougue de départ, un an après, le phénomène des suscitations de la candidature de M. Boko par la vague «OB» a visiblement baissé en intensité. Les mathématiciens et autres spécialistes des sciences exactes parleraient de courbe descendante. Est-ce un constat apparent ? Toujours est-il qu’on note moins de déploiement de gadgets à l’effigie de l’homme d’affaires sur des personnes (T-shirts), à des coins de rues (affichages) et moins d’activités relayées ces derniers temps par les médias. Les quelques archives récentes que nous avons pu identifier sur la toile datent, pour certains mouvements (quatre ou cinq), de fin janvier, fin février, fin mars et début avril. Dans le rang des leaders qui ont créé des mouvements et d’autres des concepts personnels, l’on peut constater aisément que certains préfèrent se défouler désormais sur la toile, en prenant position contre le pouvoir, tout en continuant par vanter les atouts du probable candidat ; pendant que d’autres, dans des groupes WhatsApp, optent pour des posts qui n’ont plus aucun rapport avec la vague  »OB » 26. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Repli stratégique ? Y-a-t-il eu entre-temps des échos de coulisses ne militant plus en faveur du  »oui » ? Autant de questions qui taraudent l’esprit. Les prochains jours voire mois pourront mieux nous situer.

Jacques BOCO

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