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34 ans après la Conférence nationale: L’Abbé Aguénounon parle de la place de l’Église aujourd’hui

L'Abbé Eric Aguénounon déplore le mépris aujourd'hui pour l'Eglise catholique
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Le 28 février 1990 au Bénin, les rideaux sont tombés sur la Conférence nationale souveraine dont les travaux ont démarré 10 jours plus tôt sous la présidence de l’ancien Archevêque de Cotonou, Monseigneur Isidore de Souza. Le requiem de près de deux décennies de Marxisme Léninisme avec son lot de dictature et de chaos économique est ainsi chanté. Une nouvelle ère s’ouvre : le Renouveau démocratique ! Que reste-t-il aujourd’hui de ces assises historiques ?  34 ans après, l’Eglise catholique n’a-t-elle pas perdu en estime ? Pourquoi n’y a-t-il plus eu de prélat aussi charismatique sur le champ politique comme ce fut le cas avec Mgr de Souza? Faut-il une deuxième Conférence nationale ? Pour répondre à ces quelques  questions, votre média Africa Dev News a reçu pour vous l’Abbé Éric Aguénounon. Philosophe politique, Écrivain essayiste, il est le Père Directeur de l’Institut des Artisans, Justice et Paix (Iajp)-Chant d’oiseau de Cotonou.

 

 

Africa Dev News: La Conférence nationale souveraine du Bénin a 34ans. D’entrée qu’est-ce qui vous aura marqué à ces assises ?

Abbé Éric Aguénounon: La Conférence nationale me fait penser à deux réalités. La première réalité est que le Bénin qu’on traitait d’enfant malade de l’Afrique parce qu’on a connu des périodes de soubresauts, de coups d’Etat, ensuite le Marxiste Léninisme (aujourd’hui des gens vont vers la Russie, nous on a déjà fait l’expérience une fois), cet enfant malade retrouve le chemin de la raison : c’est la première réalité. Deuxième réalité, c’est ce rassemblement inclusif vers la démocratie. Ces deux réalités sont fondamentales. C’est la base même. Et à partir de ces deux réalités, la Conférence Nationale vient pour être le lieu le plus culminant et le plus essentiel qui nous tourne vers le consensus national. On n’a pas pu régler tous les problèmes certes, on a pu néanmoins s’entendre pour tracer une voie du consensus, pour donner un visage et un contenant à ce consensus national. Il fallait la démocratie. La démocratie comme régime politique, comme espace du dialogue, d’échanges, de partage et du développement du pays. C’est pour cela qu’on a opté pour la démocratie. Nous venons quand même de loin ! Et quand on s’assoit en Conférence nationale et on accouche cela, c’est un trésor à garder et à conserver.

Et aujourd’hui, qu’est-ce qui reste concrètement de cette Conférence nationale ?

Je vais commencer par dire ce qui a manqué, puisque c’est parce qu’il y a eu un vide que les gens ont voulu profiter. Premièrement, le vide qu’il y a eu c’est qu’à l’avènement de la démocratie, on n’a pas mis assez de verrous institutionnels. Deuxièmement, on n’a pas formé la conscience du peuple. Troisièmement, on n’a pas travaillé très tôt à un développement participatif. Quand je prends le premier point, il y a des verrous majeurs qu’on devait mettre en place parce que quand on dit que le chef de l’Etat ou le Bureau de l’Assemblée Nationale, doit choisir des représentants, à gauche, à droite, pour les institutions de la République, il n’y a pas de verrous à cela ; c’est laissé à la liberté du chef de l’Etat ou du Bureau de l’Assemblée. Il n’y a même pas un verrou moral à cela ni un verrou éthique. Donc les institutions de contre-pouvoir ont été constitutionnalisées sans pouvoir de verrou, sans importance cruciale capable d’arrêter le pouvoir central, d’où leur instrumentalisation par des manœuvres de camaraderie. Deuxième élément, la conscience. Pourquoi la conscience joue ? Vous allez voir que le Béninois est fait de sorte qu’il vit comme un Caméléon. Il s’adapte à tout régime. Des gens qui ont fait Kérékou Marxiste-Léniste, les mêmes ont fait Soglo, Kérékou II, Yayi ; les mêmes ont fait Talon. La transhumance ! La preuve, ces mêmes personnes-là vont vous parler de Conversion, de Changement, de Rupture, de Conscience citoyenne. Creux de conscience ! Donc, il y a un problème de formation des consciences. La Rupture, ça doit être dans le cœur, dans la conscience du Béninois. Aussi, je parle de formation du peuple. Est-ce que le peuple a été formé à la démocratie ? Le peuple, on lui a dit, il n’y a plus dictature. On pense aussitôt au libertinage. Non ! La démocratie engage un changement de paradigme et surtout une responsabilisation de chacun. La dictature c’est quoi ? Un seul responsable, il a le bâton et vous suivez comme des moutons. Par contre, l’image de la démocratie, c’est que chacun est responsable et tous nous sommes responsables. Donc quand on prend ces éléments qui ont manqué, ceux qui sont venus, après une certaine habitude démocratique pour asseoir leurs intérêts et pour mettre en place un système prêt-à-porter, ils se sont appuyés sur ces manquements, ces vides ou ces failles pour nous conduire vers la ‘’démocrature‘’ pure et dure ou la démocratie autoritaire ou la démocratie hybride.

Justement. N’est-ce pas au regard de ces failles que certains estiment que trois décennies après la Conférence Nationale, il urge de réviser la Constitution pour corriger lesdites failles et accélérer le développement du pays ? Vous devez normalement être en phase avec ces personnes.

Non ! Ce n’est pas ça ma position. Vous allez voir un médecin, il fait son diagnostic ; il ne vous donne pas les médicaments selon sa volonté ou selon son désir, il vous donne plutôt les médicaments qui correspondent au diagnostic. Ici, ils ont fait un bon diagnostic, mais pour servir après d’autres intérêts. La démocratie participative, la démocratie inclusive oblige à dialoguer, à contrôler l’action du gouvernement, à donner une place à l’opposition, à avoir un système judiciaire équilibré, juste et impartial. C’est à tout cela que la vraie démocratie oblige. Lorsque les obligations de la vraie démocratie n’arrangent pas, on dit ‘’non‘’, celle-là est malade alors qu’elle n’est pas malade ; elle est bien portante. On invente des maladies pour trouver des solutions qui arrangent. Et ces solutions, c’est l’exclusion, c’est contrôler tous les contre-pouvoirs pour aller vite, pour mettre en place ce qu’on pense, ce qu’on veut et non ce que le peuple veut. Le développement, c’est une vue communautaire, c’est une vue globale. Il y a une différence entre le luxe et le développement. Travailler à avoir un pays luxueux est différent d’avoir un pays développé. Le premier niveau du développement, c’est l’éducation, la formation des consciences, la formation de l’être pour que chaque citoyen puisse être acteur de son développement.

Vous-même vous parliez de libertinage tantôt. Est-ce qu’il ne fallait pas aller à une réforme pour réorganiser tout cela ?

Ce n’est pas à une réforme qu’il faut aller. Il faut aller à l’éducation, à la formation des consciences. Quand vous prenez la CRIET (Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme) aujourd’hui, est-ce que la corruption a diminué ? Est-ce que la CRIET fait peur ? J’ai l’impression que malgré la création de la CRIET, le Béninois n’a même pas peur. Et ça continue ! La CRIET n’est pas un organe d’éducation des consciences. La CRIET est un instrument punitif, qui intervient en aval. Ainsi, dans le fond, celui qui est en prison, c’est l’enfant de quelqu’un, qui vient d’une famille. Comment par la consolidation de la famille on peut mettre en place une société et un pays solides ? Quel travail fait-on pour que les familles tiennent, pour qu’elles soient un lieu d’éducation ? On parle peut-être de Rupture et pourtant il y a une société davantage liquide.

Alors, revenons à ma question. Que reste-t-il aujourd’hui de la Conférence Nationale ?

Je vais être pessimiste en disant qu’au fil des années, au fil de la passation de charges au sommet de l’Etat, on a compris qu’actuellement ce qui reste de la Conférence Nationale n’est qu’un récit historique. C’est ça qui reste, malheureusement.

Pour vous, il n’y a plus de démocratie ?

Nous sommes en ‘’démocrature ‘’, je ne peux pas vous mentir et je ne peux pas mentir à moi-même.

Mais je vous permets de vous exprimer tout de même ?

Oui, nous sommes en ‘’démocrature ‘’. Ce qui signifie que ce qu’on a dit en 1990, on l’a remis en cause et maintenant on construit sa propre démocratie avec d’autres ingrédients qui ne sont plus les ingrédients originels. Ceci dit, la Conférence Nationale n’est réduite qu’à une histoire. Ce n’est plus une fondation bâtie solidement et qui accueille un édifice. Aujourd’hui, à mes jeunes frères qui ont 20 ans, 18 ans, 15 ans, la Conférence Nationale, qu’est-ce que c’est pour eux ? Il faut peut-être faire un sondage. Ils diront des choses peut être légères, banales parce que nous n’avons pas mis la Conférence Nationale comme étant le socle d’un Etat-nation nouveau.

Vous pensez qu’elle ne s’enseigne pas assez ?

Elle ne s’enseigne pas. Elle ne se vit pas. Elle ne se véhicule pas. Il n’y a pas une tradition de cette Conférence Nationale.

A vous écouter, c’est à croire que le Bénin dans lequel on n’a pas fini de bien manger doit faire une démocratie à l’européenne.

Il n’y a pas eu une démocratie à l’européenne. C’est un mythe que de dire une démocratie à l’européenne. Le peuple français est différent du peuple italien, est différent du peuple américain, et puis du peuple allemand.

D’où il faut revoir aussi notre démocratie à notre manière.

Quand on dit de revoir la démocratie. Qui fait la démocratie ? C’est l’Homme ! C’est nous qui faisons la démocratie. Et j’ai démontré tout à l’heure comment nos institutions manquent de force, manquent de pouvoir de verrou. Donc, quand on a beau critiqué la démocratie en disant qu’il faut l’inculturer, il ne faudrait pas oublier la responsabilité du tout citoyen. Si on ne fait pas un travail sur l’Homme, le système démocratique ne sera pas fort. Ça va être un système passoire ! Je prends le cas de la décentralisation : la décentralisation est au cœur de la démocratie comme une perspective importante de développement. On ne peut pas penser démocratie sans décentralisation. Cependant, aujourd’hui, vous voyez comment sont les Mairies ? Moi, j’ai eu la grâce de parcourir le pays de l’intérieur. On se demande s’il y a des Mairies à l’intérieur du pays, dans le Bénin profond. Je vois une Mairie à Cotonou, à Abomey-Calavi, à Porto-Novo, à Lokossa, à Abomey… Mais quand je rentre à l’intérieur du pays, on ne dirait même pas qu’il y a de Mairie. Cela veut dire qu’on n’a pas donné un pouvoir matériel de développement à nos Mairies. Ça par exemple, c’est un héritage de la Conférence Nationale. Mais cet héritage a été bradé. On a mis en place un autre système, mais ce système ne fonctionne pas. Evitons de mettre en place de systèmes nouveaux alors que le système ancien, on ne l’a pas porté à son achèvement. Donc en général, l’Afrique est dans une situation où on est à la fondation de la démocratie mais en même temps on conteste cette fondation. Ce qu’on n’a jamais pu finir, ce qu’on n’a pas pu porter à un certain niveau, on ne peut pas l’évaluer, on ne peut pas l’apprécier. Pourtant on le conteste. La France a connu plus de deux siècles de démocratie, l’Allemagne moins de 80 ans de démocratie. Pourtant ! Vous avez vu le phénomène des “gilets jaunes” qui ont voulu que la démocratie soit plus oxygénée. Et le Président Emmanuel Macron a organisé un grand débat et a parcouru toute   la France. Voyez ce pays-là, pourtant ils ne sont pas encore totalement   démocratiques, ils y travaillent et la fluidifient. Nous, le minimum qu’on fait, on le conteste, on remet en cause la plupart des acquis. Pour choisir quoi ? La dictature ? Je ne sais vraiment pas ce qu’on va choisir.

Ce que vous n’avez pas relevé jusque-là dans les points qui vous auront marqué à ces assises, c’est le rôle que l’Eglise catholique a joué à travers la personne de Monseigneur Isidore de Souza qui a dirigé avec maestria les travaux. Aujourd’hui, quand on regarde l’Eglise catholique, elle n’est pratiquement plus associée à rien, on ne voit plus de figures ecclésiastiques être associées à quelque chose, surtout ces huit dernières années. Est-ce que l’Eglise catholique n’a pas vraiment perdu en estime ?

Je pense que ce qui est arrivé, c’est justement les fils et filles de l’Eglise catholique, qui sont en politique, qui ont tourné dos à leur mère. Je pèse bien mes mots. Les fils et filles de l’Eglise catholique qui sont en politique ont tourné dos à leur mère parce qu’ils la trouvent   moraliste, qu’elle a trop d’éthique, elle a trop de principes. Donc, ces fils et filles de l’Eglise qui sont en politique ont opté pour ce qui les arrange. Lorsque vous prenez Mathieu Kérékou, vous voyez comment il a été protagoniste de l’Église ? La Conférence Nationale a été protagoniste de l’ Église et elle est allée jusqu’au bout, vers la démocratie. La preuve que le Président Mathieu Kérékou est allé jusqu’au bout, c’est qu’il est revenu pour faire de nouvelles preuves de 1996 à 2006. Quand il est revenu, c’est pour nous montrer qu’il était capable du mieux. Ce n’est pas parfait ce qu’il a fait, mais il nous dit : ‘’j’étais capable du mieux‘’. Voilà les acquis. Au sujet de l’Eglise dont les Evêques, hier, étaient plus charismatiques, plus engagés, il faut le dire c’est une autre génération d’Evêques, ils avaient de bons protagonistes. Aujourd’hui, les Evêques ne sont pas moins charismatiques, ils sont prudents, ce n’est pas mauvais. Ce ne sont pas les mêmes personnes, et ils ont en face des dirigeants qui sont moins protagonistes, qui sont décidés et qui n’écoutent presque pas. L’Eglise a mis en place des institutions pour jouer des rôles charnières et majeurs : l’Aumônerie des cadres et personnalités politiques, l’Institut des artisans, de justice et de paix et puis l’Observatoire des chrétiens cadres de l’administration publique ou acteurs politiques.

Mais ces institutions s’arrêtent juste aux réflexions.

L’Eglise n’est pas actrice politique, l’Eglise ne tient pas le gouvernail. Ce que l’Eglise fait est qu’elle donne une parole d’orientation forte.  Aujourd’hui, ces paroles fortes, l’Eglise ne peut plus les donner n’importe comment parce que ceux qui sont en face ne sont pas prêts à entendre les paroles d’exhortation poignantes. Ils veulent entendre des paroles policées, des paroles qui ne les bousculent pas parce que ceux qui sont en face disent et se disent qu’ils font déjà bien.

C’est à croire que l’Eglise ne se reproche rien puisque d’aucuns disent que l’Eglise est victime de son accointance ou de sa proximité avec certaines figures politiques qui ont peut-être maille à partir avec le pouvoir.

 En regardant le passé, je prends une figure qui a fait la prison. Une grande figure : le Père Alphonse Quenum, qui a marqué les esprits. Il est allé en prison au nom de son engagement et de la vérité. Mais aujourd’hui, quel prêtre est prêt à ce sacrifice ? En ce sens, comprenez que les contextes d’engagement sont foncièrement différents.

Même vous-même ?

(Sourire…) On ne parle pas de soi-même. Ensuite, parlant des prêtres d’alors, des Evêques d’alors, ce qu’on oublie c’est qu’on a fait appel à l’Église. Si Monseigneur de Souza a été président de la Conférence Nationale, c’est qu’il a été appelé. Si on ne nous appelle pas, on ne peut pas jouer un rôle majeur. Ce n’est pas possible. Aujourd’hui, on ne nous appelle pas à jouer un rôle majeur. La seule fois qu’on l’a fait, c’était durant la Conférence Nationale. Et pour finir, je ne vais pas trop durer sur cette question, notre Eglise au Bénin n’a pas la tradition prophétique comme on le voit au Congo (Kinshasa), en Côte d’Ivoire ou ailleurs. Je pense même que notre Eglise a été providentiellement associée à la Conférence Nationale. Par contre, dans un pays comme la RDC, il y a une tradition, une continuité prophétique, un rôle prophétique permanent. C’est différent. Nous, on a eu providentiellement un rôle prophétique.  La Conférence Épiscopale du Congo, de façon systématique, a mis en place une tradition prophétique. Vous voyez les Archevêques de Kinshasa et d’autres Évêques de la RDC ? Vous voyez les Evêques ivoiriens ? Il y a une tradition d’engagement et comme c’est un moule, si tu viens, tu dois forcément être prophétique, forcément engagé. Engagé pour dénoncer le mal. Engagé pour apprécier le bien dans le sens de l’Evangile, en suivant le Christ, en suivant les pères de l’Eglise : Jean Chrysostome, Saint Ambroise, Saint Augustin. Les premiers pères de l’Eglise ont été très prophétiques. On peut les suivre.  Si on ne les suit pas, c’est peut-être à cause d’autres considérations humaines.

Pensez-vous qu’après ces figures charismatiques défuntes qui ont marqué les années 90 sur le champ politique notamment Monseigneur Isidore de Souza au Bénin, Phillipe Kpodzro au Togo, Desmond Tutu en Afrique du Sud et Laurent Monsengwo Pasinya en RD. Congo, on aura une autre génération de prélats aussi influente ?

Première chose, à chaque époque, le Seigneur suscite des pasteurs spécifiques. Je salue ici le courage prophétique et la force d’âme de Mgr Antoine Ganyé. Il n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pense pour le bien de tous. Deuxième chose, selon l’attente de chaque société, et selon les désirs, les angoisses et les espérances de chaque société, Dieu suscite aussi des pasteurs prophétiques. Est-ce que nos dirigeants veulent avoir des Evêques charismatiques, prophétiques ? Est-ce que notre société aimerait cela ? Ecoutez les Béninois, qu’est-ce qu’ils pensent de l’Eglise catholique, de l’Evêque ? Pour eux, l’Evêque c’est un homme qui prie et non un homme qui se mêle de la politique.  Allez au Congo, le Congo comme pays où le catholicisme très majoritaire. C’est dans les ADN, que l’Evêque, le prêtre soit prophétique.

Donc pour vous, la balle est dans le camp du politique ?

Bien sûr. Le politique qui ne donne pas la place à l’opposition de s’exprimer, ce n’est pas à l’Eglise catholique qu’il va donner ! (Rire). Au contraire, on a peur de l’Eglise catholique. Et, c’est parce qu’on a peur de l’Eglise catholique qu’en France il y a eu séparation Eglise-Etat de façon violente. Au Bénin, on fait encore beaucoup d’efforts par rapport à la France où l’Eglise ne peut plus intervenir. Nous on intervient, mais on intervient sans s’imposer. Le prophétisme, c’est intervenir de façon implacable et tranchée.  Ça, nous, on ne le fait pas.

Au regard de tout ce tableau que vous avez peint, est-ce qu’il nous faut aller à une deuxième Conférence Nationale au Bénin ou à une assise nationale ?

Je pense, pour ma part, qu’il ne faut pas une deuxième Conférence Nationale parce qu’on n’a pas les mêmes problèmes actuellement qu’en 1989. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une décision politique et présidentielle. Le président Patrice Talon seul peut régler tout ce qu’on a comme problème. Lui seul ! Lui seul peut régler tous les problèmes politiques.

L’Eglise le lâche et l’observe donc faire ?  

Je le respecte, je le mets devant sa responsabilité. Comment il y a eu l’exclusion de 2019 ? Comment il y a eu l’élection présidentielle de 2021 ? S’il y a eu tout cela, ça veut dire que ceux qui ont fait ça sont capables du meilleur sans forcément rassembler tous les Béninois. Entre eux ils ont fait ça. La révision de la Constitution, en novembre 2019, c’est entre eux. S’ils sont capables de faire tout ça entre eux, ils n’ont pas besoin forcément de faire un grand dialogue national pour remettre à sa place ce qui a été enlevé ou ce qui a été arraché.

On a fait le tour des questions. Si éventuellement vous avez un mot de fin…

Le mot de fin c’est de vous remercier pour le courage d’aborder cette question difficile, parce qu’aujourd’hui on n’aborde plus tellement la question sur la Conférence Nationale. L’Eglise a organisé l’année dernière un colloque sur le vivre-ensemble à partir des acquis de la Conférence Nationale. C’est pour vous dire que l’Eglise est encore dans son rôle, c’est au contraire nous qui ne voulons pas écouter l’Eglise, en l’occurrence les fils et filles catholiques en politique. On a eu au pouvoir des Evangélistes qui n’ont pas fait cela. Je termine par là.  

Propos recueillis et transcrits par Jacques BOCO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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